La libération provisoire de l’ancien ministre des Sports, Lat Diop, continue de provoquer des remous, non seulement sur le plan judiciaire, mais aussi politique. Parmi les réactions les plus marquantes figure celle du député Guy Marius Sagna, qui a vivement dénoncé, via ses réseaux sociaux, un « traitement judiciaire inéquitable ». Mais au-delà de l’indignation apparente, cette sortie soulève des interrogations sur ses motivations profondes.
Connu pour son activisme social et ses prises de position tranchées, Guy Marius Sagna n’en est pas à sa première dénonciation de l’impunité supposée dont bénéficieraient certaines figures politiques. Depuis son entrée à l’Assemblée nationale, il s’est érigé en fervent défenseur des « sans-voix », des prisonniers de droit commun, souvent issus des couches les plus vulnérables. Son indignation contre la libération sous bracelet électronique de Lat Diop s’inscrit dans cette continuité : opposer la justice réservée aux « puissants » à celle que subissent les citoyens ordinaires.
Un coup de pression sur l’appareil judiciaire ?
Mais cette prise de position pourrait également s’analyser comme un message adressé à la justice elle-même. En médiatisant fortement ce qu’il qualifie d’« inégalité judiciaire », le député de Pastef exerce une pression politique et populaire sur l’appareil judiciaire, au moment même où le parquet général peut encore faire appel de la décision. En d’autres termes, sa sortie pourrait viser à peser indirectement sur le cours de la procédure en appel.
Guy Marius Sagna est membre de la majorité parlementaire issue de l’alternance incarnée par le président Bassirou Diomaye Faye. Sa critique publique d’une décision judiciaire dans une affaire liée à l’ancien régime est aussi un rappel – voire un avertissement – en interne : il n’est pas question de tolérer des arrangements ou des « deals » post-alternance. À travers cette déclaration, il semble vouloir affirmer une ligne dure vis-à-vis des anciens dignitaires, soupçonnés de malversations, et prévenir toute forme de compromis politique qui irait à l’encontre des attentes de rupture portées par le peuple.
Une bataille d’image et de cohérence
Enfin, cette sortie peut être lue comme une stratégie de positionnement personnel. Dans un contexte où le gouvernement cherche à consolider sa légitimité sur la base d’un discours de justice sociale et de lutte contre la corruption, Guy Marius Sagna se positionne en gardien des principes. En dénonçant la clémence judiciaire accordée à une figure de l’ancien régime, il renforce son image d’homme de principes, proche du peuple, et rappelle les promesses de justice rendues lors de la campagne présidentielle.
La virulence des propos de Guy Marius Sagna ne se limite pas à une simple indignation morale. Elle s’inscrit dans une dynamique politique complexe, mêlant positionnement personnel, stratégie de pression, fidélité idéologique et rappel des engagements pris par la nouvelle majorité. Reste à voir si ces prises de parole influeront sur le traitement judiciaire des dossiers sensibles, ou si elles resteront des cris d’alerte dans un paysage politique en pleine recomposition.


